« La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information. »
Albert Einstein
En préparation de ce blogue, j’ai fait une relecture des différents textes que j’ai écrits à travers les années et une chose se précisait, m’apparaissait; je suis multiple. De par mes intérêts, mes passions, mes goûts, mes choix personnels et professionnels. Pas toujours simple à assumer, mais assurément riche à vivre que cette multiplicité qui m’a amenée à une diversité d’expérience et à développer une gamme d’expertise florissante en apprentissages de toutes sortes.
Comme en témoigne ce blogue, j’adore écrire; des textes, des articles, des publications spécialisées, des formations, des ateliers, des présentations, des cartes, des chansons, des mots doux, sérieux, fous. Tout!
Au fond, tout est prétexte pour écrire, j’adore le processus d’écriture que je considère alchimique. Sentir que j’arrive à extraire et à mettre des mots sur ce qui se trame en nous et à l’extérieur de nous est à la fois de l’ordre du labeur et du ravissement.
Depuis plus de 20 ans, je chronique, chroniquement, dans une revue d’herboriste, des journaux communautaires, dans de beaux cahiers usés et conservés précieusement. Ce bloque est en bonne partie mon coming-out de chroniqueuses. Bien humblement, je ne peux que constater que j’écris sans cesse sur des thèmes différents pour finalement dire la même chose. « Combien de mois, combien de vies faut-il pour écrire une phrase qui égale en puissance la beauté des choses ? »Christian Bobin
J’écris sur ce que j’aime et j’aime tant de choses. Les fleurs, les livres, les contes, les enfants, les rivières, être grand-mère, en quête, amoureuse, jardiner, marcher, pédaler, nager, me prendre pour un poisson, cuisiner et respirer les odeurs et effluves de la nature. Je m’extasie devant l’odeur du lilas, du basilic, de la mélisse, de l’herbe mouillée après la pluie ou d’une tomate toute chaude à peine cueillie. Passé du jardin à la cuisine me procure plaisir et joie. La confiture de groseilles, de framboises, un bouquet de fleurs sauvages, le pesto d’herbes qui goûte encore le soleil, du bonheur pur et simple. La beauté m’émeut et me chavire!
J’aime les héros, les héroïnes mythiques, les guérisseurs et guérisseuses, les chercheurs et chercheuses, qui cherche à guérir, à soigner, mais plus encore à donner un sens sacré à nos quêtes, à nos passages, et ce au risque d’être parfois seuls, brûlés, isolés, imcompris, etc. Les Jésus, Merlin, Viviane, Clarissa, Jung, Gandhi, Gilles, Premo, Paule, France, etc, qui ont permis et permettent encore que nous passions du «c’est moi» au «Je suis». Toutes les femmes et les hommes, sorcières et sorciers, qui malgré des siècles de déni et de violence, n’ont pas oublié la présence de Dieu et de la déesse en eux et autour d’eux.
J’honore la nature parce qu’elle contient tout : Dieu, l’ombre, la lumière, la puissance, la douceur, la paix, la joie, la perte, la laideur, la beauté, moi, toi, nous, tout.
J’aime follement et tendrement les plantes, mes alliées de tous les jours, qui ont tant à offrir, qui attendent que nous recevions leurs cadeaux de beauté, de guérison et de douceur. Je suis au comble du bonheur au jardin; pour la beauté et la paix et parce que tous les gestes du jardinier sont une méditation. J’aime en cachette les esprits de la nature : les gnomes que l’on rencontre au détour des petits chemins dans la forêt, les fées qui volent dans les fleurs en se faisant passées pour des libellules, les salamandres qui dansent dans le feu quand nos yeux brûlent un peu et les ondines qui nagent avec nous et chantent des chants qui rendent les marins fous. Et aussi la loutre parce qu’un matin à l’aube, seules toutes les deux dans le ruisseau, elle m’a saluée et que nous nous sommes reconnues.
J’aime créer, des textes, des savons à base de fleurs, des teintures mères, des formations, des onguents, des rituels, des confitures, des ateliers, des chants et que sais-je encore. Donner du sens, du sacré. Dédramatiser, voir autrement, sans nier ce qui est; la souffrance, la peur et le reste, mais les englober dans quelque chose de plus vaste, de plus large. Donner du temps et de l’attention à l’âme qui cherche à s’exprimer… « Un défi dans une société où le vague à l’âme, la quête de sens sont traités comme une maladie, évacuant tout le sens caché derrière nos maux, nos dépendances, nos sentiments de panique, nos tristesses qui ne sont pas passagères, nos cris emprisonnés, nos peurs du vide ». (1)
Professionnel et personnel, une seule et même quête!
Travailleuse sociale, je travaille depuis plus de 25 ans en développement personnel, social et communautaire. Favoriser l’entraide, la participation, l’implication de tous. Travailler avec les gens à partir de leur réalité, de leur besoin. Croire et miser sur le potentiel de chacun, partir des forces, des ressources, des rêves et des désirs légitimes de bonheur des personnes et des collectivités et non de leurs manques et leurs limites. Partager nos savoirs, notre temps, nos expériences, offrir des milieux de vie d’entraide, riche de solidarité et d’accueil, voilà ce qui m’a motivé dès mes débuts et me motive encore.
Entrepreneure sociale et travailleuse engagée depuis plus de 30 ans dans différentes causes sociales, j’ai été, dans ma pratique, maintes fois interpellée, comme porte-parole et représentante du milieu social et communautaire au sein de plusieurs instances et regroupements. Ce qui m’a permis de rêver plus grand parce que collectivement, de contribuer à bâtir des communautés solidaires; d’apprendre à allier vision et action; à ouvrir des chemins; à communiquer avec enthousiasme une vision du monde plus inclusive et porteuse d’espoir pour tous; à rassembler et saisir les opportunités de développement social; à cocréer avec d’autres rêveurs de mondes meilleurs des projets porteurs de coopération, d’espoir et de partage.
Animatrice de divers groupes de travail, j’ai animé tant des petits groupes que des rassemblements populaires et communautaires, dont un groupe de plusieurs milliers de personne sur la colline parlementaire à Québec. Expérience puissante qui m’a enseignée que peu importe le nombre de participants, cela fait appel aux mêmes habiletés, notamment la capacité de «surfer» sur la vague quel qu’elle soit, tout en gardant le cap.
J’ai le bonheur d’offrir des ateliers, conférences, communautés de pratiques et de savoirs et formations sur des sujets variés qui traduisent les différentes passions qui m’animent : les rituels, qui conjuguent social et sacré, l’herboristerie, les modes d’apprentissage qui allie coopération et reconnaissance des expériences de vie de chacun, la gestion participative, la force des milieux de vie en intervention, etc. J’ai ainsi, au fil du temps, accompagné des personnes, équipes, groupes, couples, familles, communautés. Simplement, quotidiennement, sur du court, du moyen et long terme. Toutes ces expériences m’ont permis d’arriver humblement à cette conclusion: « On enseigne le mieux, ce que l’on a soif d’apprendre. »
Comme personne et comme intervenante, j’ai envie d’accompagner les personnes et moi-même, dans les passages plus sombres, les tournants et les virages plus serrés, sur les chemins de traverse. De tout accueillir, parce que tout passe et que rien n’est bon ni mauvais, ni beau ni laid et qu’après la tempête, il y a toujours l’accalmie. De laisser doucement descendre ce désir de faire du sens qui m’habite et qui côtoie l’ombre, la lumière, la dragonne, la folle du logis, l’apeurée, la déesse, la guérisseuse et la sublime. J’ai aussi envie d’écrire, de ne jamais cesser d’écrire et de rapatrier tous mes écrits qui se sont échelonnés au fil du temps et qui vagabondent un peu partout. D’où l’idée de ce blogue.
Et dans un siècle où l’arsenal thérapeutique est de plus en plus froid et lourd, j’ai envie de donner des fleurs en cadeau. J’ai envie d’offrir la douceur et la beauté de la camomille et de la mélisse, pour tous les nerfs en boule, les fatigués et les épuisés; la simplicité de la calendula pour nos petits et gros bobos; la puissance tranquille du pissenlit, ce mal-aimé, pour nos foies et nos cholestérols surchargés, la force de l’ail pour nos systèmes immunitaires épuisés. J’ai envie de tomber dans les fleurs.
Simplement et humblement, j’ai envie d’être profondément ce que je suis et de mettre à profit les dons que j’ai reçus en cadeau, lorsque toute petite, les fées se sont penchées sur mon berceau.
(1) Paxil blues, Christian St-Germain, édition du Boréal, 2005