J’ai longtemps, de tout temps, déjà enfant, lorsqu’à 6 ans des sorcières dansaient dans mes rideaux de chambre, cherché quoi faire lorsque la peur passe, que parfois elle me submerge, me tient prisonnière, m’enferme, m’enfer…
J’ai exploré, fouillé, appris, lu, compris, expérimenté, tenter de la laisser passer, parce que tout passe comme les nuages passent dans le ciel, d’aller dedans les yeux grands ouverts, de trembler, de respirer, de bouger, d’accueillir, d’accepter, de lâcher prise et tralala pouet pouet… Or, depuis 2 ans, je me promène et fais des allers-retours, entre tout accueillir, la peur y compris, aller dedans et / ou demeurer dans l’espace du maître, du témoin qui voit qu’il a peur, mais sans s’identifier à elle, demeurant dans la confiance et l’amour…
Or, voilà que je viens d’expérimenter de nouveau, une peur bleue, une sacrée trouille, une peur viscérale. Or, valeureuse comme je suis ou encore inconsciente, les 2 sont tout aussi vrais, j’ai été dedans les yeux grands ouverts, prête à la révélation, sans protection. Oup’s, elle m’a avalée, engloutie et ce, sans compter que l’égo s’est mis de la partie, n’en a fait qu’une bouchée et que toutes les peurs, petites et grosses (peur de vivre, de mourir, de ne pas être assez, d’être trop, pas à la bonne place, pas capable, tous les autres savent bien mieux que moi, etcétéra) m’ont sautées dessus.
Bref, j’en ai mangé toute une. Je me suis tapée toute une ride, quelques heures de voyage sans carte routière ou si c’était des chemins tracés d’avance, il m’a fallu les redébroussailler à mains nues… J’ai tout essayé: tenter de chevaucher la bête, d’accueillir ce qui est sans jugement, de bienveiller sans s’apitoyer, de me recentrer, de respirer, de laisser faire, d’être témoin, de méditer, de boire de la camomille, de marcher. J’y suis arrivée, j’ai sombré, touché l’extase, le chaos, la folle du logis, me suis découragée, jugée, cru différente, seule, me suis isolée, ai voulu tout arrêter, être quelqu’un d’autre, me suis comparée, maltraitée, apitoyée, j’ai trouvé Dieu pour le perdre l’instant suivant, j’ai lu, compris, me suis fatiguée, épuisée moi-même… Bref, je me suis promenée entre retrouver le calme et resombrer tête première dans la peur. J’ai pris de sacrées gorgées, j’ai eu peur de me noyer et puis j’ai été accueillie par des quêteux et quêteuses de sens, de lumière, de calme, de douceur, bref par mes semblables.
Et ils m’ont dit sensiblement la même chose : « Primo, parfois pour descendre dedans, on doit être accompagné, surtout lorsque c’est une peur bleue, blanc, rouge sang. Secundo, après la traversée, lorsque le calme est revenu, de tout faire pour le conserver et tiertio si la peur revient, se recentrer sur l’amour et la confiance, refuser toutes ses ruses, ne pas nourrir la bête…
Et c’est ce que j’ai fait, humblement, patiemment, vaillamment, lorsque la paix est revenue. Je l’ai nourri de soin, de calme, de douceur, de refus de donner du temps à la peur. Je suis restée là, ancrée dans le présent, j’ai accueilli la fatigue, mes petits enfants, le soleil, Dieu, moi, mais pas la peur, et un miracle s’est produit dans un moment de grand calme, de communion, ce qu’elle avait à me dire me fut chuchoter à l’oreille de l’âme. J’ai su ce que signifie le titre du livre ‘’Conversation avec Dieu’’.
J’ai compris que pour moi, ça ne me donnait rien de plonger dans la peur et la tourmente lorsque celles-ci avaient des racines venues des profondeurs. Que c’est un long travail d’orfèvre que de défaire des nœuds bien serrés par des années de croyances et de vieilles mémoires. Que lorsqu’elle se pointe de nouveau, je n’ai qu’à me tenir tranquille, à me sentir prête à entendre son message, mais en demeurant dans l’espace du témoin bienveillant, nourrissant la confiance et l’amour, attendant qu’elle se dévoile plutôt que de sauter dedans, en bungee, tête baissée… Sacré bélier que je suis.
Et vous, comment vous y prenez-vous, ma gang de vous autres, lorsque la peur vous trousse?
Pour ma part, il y a de petites peurs à laquelle je peux laisser place, baissant la garde, accueillant ce qui est, laissant le message se distillé, mais d’autres demandent de l’appui, de me mettre à l’abri, en sécurité pour les traverser et les dénouer…
Quelle traversée mes amis que cette vie. J’honore tout, la peur y compris…
MR/2015
Te lire est en soi un baume, une explication, un réconfort… Nous partager ta vulnérabilité est un geste d’une très grande générosité ! Merci de t’offrir de cette façon à nous, de nous enseigner ce que tu as fait comme apprentissage… C’est une grande richesse que tu nous donne!! Merci une fois de plus.
T’es vraiment so sweat et généreuse, je suis vraiment heureuse que nous marchions ensemble sur le chemin…
Namaste, chère Manon – tu sais ce que cela veut dire : je m’incline devant la lumière en toi. Ça prend une belle lumière au profond pour descendre les yeux ouverts dans la peur comme tu l’as fait, et pour en ramener des mots si bien ciselés. Pour tenter de répondre à ta question, quand la peur me trousse, je me rends compte tôt ou tard que cela ne sert à rien de fuir alors je m’assois et puis je ne bouge plus, je reste silencieux avec ma peur. Comme tu le dis, il s’agit de trouver l’espace du témoin bienveillant…
Manon, je ris de voir que nous sommes tous pareils les humains
Je te trouve chanceuse d’avoir eu cette trouille immense parce qu’après, quand on a su vivre avec pendant un moment et la transcender , la gloire arrive et c’est la récompense.
IL faut aimer nos bêtes noires :
assez, pour les comprendre
mais pas trop , pour les laisser aller
Je pense que plus on aime réellement, plus la vie est dure
Les boudhistes tibétains disent que c’est notre attachement , à notre ego, aux gens, aux choses, qui nous fait souffrir. Pour moi, c’est toujours vrai
Je te félicite belle Manon, tu as le courage d’une victorieuse
xxxxx
assez, pour les comprendre
mais pas trop , pour les laisser aller. J’aime beaucoup!
La peur ….je la connais …je l’ai vécu… mais..
Oui j’ai peur je suis même un peut Froussarde qu’elle que fois.
Cette peur je l’ai affronter face première les yeux grand ouvert , parfois trop rapidement.
En prenant de l’âge je m’aperçois que je doit lui chuchoter doucement à L’oreille.. oui je t’attend mais je doit prendre le temps, prendre le temps de voir si ce que tu me dit fait un sens. Je dois la bercer et lui dire que je rien ne serre de crier que j’y vais a petit pas que peut être elle se trompe peut être que cette direction est la n’autre, peut être ce défi nous appartient..
Mais parfois j’y vais encore la face première car je sais que c’est ma direction et malgré ses cries et ses pleurs ..je sais que j’en ressortirait forte et elle, elle se calmeras elle comprendras que j’avais raison. Tranquillement elle me fera confiance et c’est cries seront moins fort.