C’est la fête des pères, je lis des textes qui célèbrent les papas partis, dans l’invisible et le visible, des papas pas là, des papas poules et toutes sortes d’autres papas. Tout ce temps je te porte, me sentant privilégier et heureuse de te savoir bien là du haut de tes quelques 82 ans… Me vient le goût de t’hommager un peu de ton vivant, car combien vivant tu es…
Mon père Saguenayen, comme son pays, plus grand que nature. Un rire et une voix aussi forte et puissante qu’un torrent de rivière, un cœur de guimauve, longtemps caché par des années d’hommes forts comme on vous forgeait à une autre époque. Des compliments si beaux et des envolées si bien déclamées que souvent reines et rois avec toi nous nous sommes sentis. Du beurre, des cretons à pelleter, de la tourtière et des patates, sans oublier de la crème dans ton café pis ben d’la crème glacée… Et pourtant encore une santé et une fougue de jeunesse qui t’habite et te tient debout, droit comme un chêne.
De toi, je me suis sentie aimée, vue, reconnue et cela m’a porté et me porte encore. Mon audace, mon courage, ma capacité à être ce que je suis est tributaire de cet amour. Tes imperfections assumées m’ont données droit aux miennes. Si je suis une communicatrice, une rassembleuse qui croit à la force et à l’intelligence du groupe, c’est en bonne partie de ton héritage. C’est du Rousseau tout craché, de Gaston en passant par Bertrand, Louisette, les 3 tartines et Jacques, l’ainé du clan, mon père. Homme de fête et de famille, grand séducteur devant l’éternel, j’aurai été une des premières conquises.
Homme de clan, de bonnes chères et de rassemblement, homme tendre au cœur aimant, homme de grands espaces, de grands gestes et de grands talents, homme fier et reconnaissant. Premier homme de ma vie, encore aujourd’hui de toi je me sens chéri. Mon père bien aimé, il y a longtemps que l’on s’aime et c’est de toute éternité!
Manon Rousseau / Juin 2017