« On a deux vies. La deuxième commence le jour où on réalise qu’on en a juste une.» Confusius
Beau temps de ma vie que ce début de cinquantaine, la vie est bien pleine, pleine de bien. Récolte de ce qui a été semé (parole de jardinière), tant dans le personnel que dans le professionnel. Je suis à réaliser un vieux rêve que je caresse depuis des années, peut-être du temps, où petite, j’écrivais des poèmes, que me faisait lire ma maîtresse de troisième année, devant toute la classe. Le livre s’incarne, prend forme, devient recueil de chroniques, amassées amoureusement au fil du temps. La trame est faite, ma fille entre à l’ordinateur quelques textes conservés comme des reliques précieuses dans de beaux cahiers. Ça tisse encore plus la parenté, la sororité, la filiation d’esprit. C’est comme un legs. Laisser des mots en cadeau.
On vient de mettre ma candidature en lice pour un prix accordé à des leaders visionnaires et rassembleurs. Je suis étonnée mais pas surprise outre mesure, ce n’est pas de l’orgueil mais je sais l’amour et le temps investit dans ce tissage d’expériences. Ça porte fruit.
«Faites ce qui vous comble», a été une devise que j’ai laissé longtemps accroché à mon babillard, ça m’a inspiré à mettre de ce que je suis et de ce que j’aime au cœur de mon travail. Ainsi, j’aime profondément ce que je fais. J’aime donner du sens aux actions posées, j’aime qu’au-delà des objectifs à atteindre, une vision commune nous porte et nous transporte, J’aime que le cheminement soit fait dans le plaisir d’apprendre et de comprendre ensemble. J’aime m’associer pour porter à son terme des projets novateurs qui demandent du souffle, une vision, et une connaissance approfondie des réalités des personnes et de la communauté pour laquelle je travaille depuis plus de 20 ans. J’aime souffler sur le feu pour garder la flamme vivante…
J’aime offrir aux intervenants porteurs et bâtisseurs de mondes meilleurs des moyens diversifiés, pour que chacun saisisse le sens derrière les gestes posés et puisse ainsi les intégrer dans tout ce qu’ils font et sont. J’aime être attentive pour que puisse se produire un enracinement profond dans les actes et pas seulement en paroles. J’aime laisser se déployer ce que j’ai acquis au fil du temps, en me servant de métaphores, citations, contes, histoires, tout simplement parce que j’aime les histoires qui nourrissent à la fois la tâche et l’imaginaire. J’aime communiquer et transmettre, mais plus important encore, j’aime que chacun puisse s’approprier l’esprit à l’œuvre derrière chaque projet, chaque réalisation.
J’aime orienter le développement d’une équipe et donner du sens aux enjeux et réalités auxquels font face les intervenants. J’aime reconnaître et valoriser les bons coups, les défis et mettre de l’avant les forces, les talents et la contribution de chacun et ainsi vivre à l’intérieur de l’équipe les valeurs que nous portons au sein de l’organisation. J’aime redonner son sens noble, au mot débat: «Je suis ce que je suis, grâce à ce que nous sommes». J’aime la patience et la conscience qui arrive avec l’âge, j’aime donner du temps au temps pour transformer et amener de nouvelles façons de faire et de voir le monde, parce que les communautés comme les individus, doivent marcher le chemin. J’aime l’attention et la présence qui m’habitent de plus en plus, dans tout ce que je fais.
Enfin, j’aime ma vie, mon compagnon qui s’occupe bien de la sienne, la liberté d’oser être ce que je suis, sans honte ni fausse pudeur.
Je ressens beaucoup de gratitude d’avoir marché mon chemin. Voyageur, il n’y a pas de chemin, tu fais ton chemin en marchant, dit le poète Antonio Machado… J’ai beaucoup aimé et appris de cette phrase, elle m’a accompagné, me permettant d’accepter et de comprendre que l’on ouvre son chemin, au rythme de ses pas, sans connaître le tracé à l’avance.
MR/2011