« Chacun de nous porte en soi, caché au plus profond de lui-même, des forces créatrices, et nous avons le devoir de les découvrir et de les utiliser. Si votre mission est d’être balayeur de rue, vous devez balayer les rues dans le même esprit que Michel-Ange peignait ses toiles, que Beethoven composait ses symphonies, que Shakespeare écrivait ses drames. Vous devez balayer les rues de façon tellement parfaite que chaque passant puisse dire : C’est un grand balayeur qui a travaillé ici. Si tu ne peux être l’arbre sur la colline, sois un buisson dans la vallée; mais sois le meilleur buisson à des lieux à la ronde. Si tu ne peux être le soleil, sois une étoile. La valeur ne se mesure pas aux dimensions. Sois ce que tu es, mais sois-le à fond ». Martin Luther King
Quelle magnifique citation pour amorcer cette chronique qu’on m’a demandé sur le thème de la liberté. Mais avant d’écrire quoique ce soit, juste célébrer ce mot. Liberté! Un mot vaste, ample, plein. Ce qui me vient, en savourant ce mot, laissant son essence se distiller en mon âme gourmande, c’est qu’être libre totalement libre, c’est d’abord être totalement soi. Être dans ses souliers, sa vérité, authentiquement, intégralement.
C’est se déposer, se reposer sur ce qui est, sur ce que je suis, éviter la complaisance, ce désir que nous avons, particulièrement les femmes, d’être gentilles, aimables, obligeantes, prévenantes, accommodantes, consensuelles, de vouloir correspondre. C’est oser l’authenticité, la probité au risque de déplaire, de blesser, de choquer, d’être boudé, rejeté, isolé. C’est parfois retoucher l’insécurité et la peur de ne pas être aimé, accepté. C’est m’aimer! Avec tout ce que je suis, mes désirs, mes rêves, mes sagesses, mes folies, mes grandeurs, mes petitesses, tout ce qui est, sans jugement. C’est prendre le temps, me donner le temps de me transformer, comme la graine qui prend du temps à germer, à devenir la fleur, si parfaitement belle, qu’elle porte en elle. La vie ne s’impatiente jamais… Tout accueillir, l’imperfection qui est parfaite et les apprentissages qui en découlent. Accepter que parfois je sois en présence et que parfois je ne le suis pas et que tout est OK. Accueillir la beauté et la lumière qui m’habitent et en même temps consentir à mes zones de turbulence et y descendre les yeux grands ouverts pour tout contempler. Parce que seul peut être transformer ce qui a été accepté et aimé. Ce que je fuis me poursuis.
Ce qui est certain c’est que plus j’accueille tout ce qui m’habite, plus j’aime la femme que je suis et plus j’ose l’être et m’exposer dans mon unicité et mon universalité sans avoir à jouer un rôle. Après tout, après moi, il n’y aura plus d’autre moi. Si je n’ose pas être complètement ce que je suis, je gaspille le cadeau qui m’a été donné. Ce qui est fabuleux lorsque je prends le risque d’être ce que je suis et que je pars de cette espace pour prendre la place qui est la mienne, c’est de me sentir ajuster et combler. Il est vraiment bon d’être soi! La vie est plus riche, plus douce, plus simple lorsque je ne force rien que je laisse être ce qui est, sans trop de préparation, à l’écoute de ce qui souffle et cherche à se déployer.
Cette semaine, je préparais une rencontre avec les intervenants avec qui je travaille et je me promenais entre l’insécurité de ce qui allait être et la sécurité, acquise en chemin, qui me permet de m’appuyer sur moi, sur plus grand que moi, de même que sur l’intelligence et la sagesse du groupe. Nous devions réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en place pour faire face à de grands enjeux mondiaux qui trouvent un écho au cœur de la communauté où nous œuvrons. Agir au local mais penser global est le lot de nous tous qui sommes enracinés dans ce siècle d’information en continu où chaque jour le monde est à portée de main, d’écran, de fil de nouvelles, de virtuel. Durant les quelques jours précédant cette rencontre, j’étais attentive à ce qui se présentait et nourrissait ma réflexion (lectures, intuitions, réflexions sur FB, etc) et les questionnements sur le comment, mon positionnement comme leader dans l’amorce et le déroulement de cette réflexion, etc. Je cheminais patiemment, tranquille, j’ai appris au fil du temps que mes questions portent en elles les germes des réponses à venir, par conséquent, je chéris davantage ce temps où les ingrédients mijotent sur le feu.
Rainer Maria Rilke, a d’ailleurs écrit à ce sujet dans ses «Lettres à un jeune poète » cette citation magnifique : «Je vous prie d’être patient à l’égard de tout ce qui dans votre coeur est encore irrésolu, et de tenter d’aimer les questions elles-mêmes comme des pièces closes et comme des livres écrits dans une langue étrangère. Ne cherchez pas pour l’instant des réponses, qui ne sauraient vous être données; car vous ne seriez pas en mesure de les vivre. Or, il s’agit précisément de tout vivre. Vivez maintenant les questions. Peut-être en viendrez-vous à vivre peu à peu, sans vous en rendre compte, un jour lointain, l’entrée dans la réponse.»
La vie ne s’impatiente jamais, l’ai-je déjà dit ?
Ce fut d’ailleurs, une rencontre magnifique. Pleine de sens, de chaleur, d’espace pour que chacun puisse être et apporter sa pierre, sa contribution spécifique. Étonné par la vastitude et la justesse de nos réflexions et le résultat obtenu. Ce qui est fabuleux lorsqu’un leader souhaite rassembler et ouvrir ces espaces d’authenticité et d’ouverture à soi et à l’autre dans un groupe, c’est que cela permet à chacun d’oser exprimer ce qu’il est, ce qu’il pense dans la sécurité et le respect et d’amener la réflexion à un niveau de profondeur insoupçonné.
Avec la liberté d’être soi vient un cadeau fortuit, inattendu, c’est que je ne serai jamais plus heureuse que je ne le suis en cette seconde où j’ose ma vie. Carpe Diem ! Saisir l’instant ! Parfois, l’espace de quelques instants, je crois avoir perdu ou oublié le trésor qui se cache dans cette vérité toute simple, mais tout est là, jamais très loin. Ce qui est trouvé est trouvé, dit le sage.
Rien ne m’est plus précieux que la joie qui m’habite lorsque je choisis d’aimer ma vie telle qu’elle est. Un des plus grand secret qui m’ait été révélé (et plus d’une fois), taratatatam (roulement de tambour), c’est que le paradis est juste ici et que la vie n’est pas le miroir de ce que nous voulons ou pensons ou désirons, mais de ce qui nous habite. Pour moi, c’est le genre de secret qui rend libre ! Pas besoin de changer de vie ou d’essayer de changer la vie, juste de l’habiter telle qu’elle est, de m’habiter, telle que je suis.
Sois ce que tu es! Comme les fleurs le sont, comme le muguet de printemps que j’aime tant. Si simple et pourtant si odorant, enivrant. Le muguet se demande t’il ce qu’il a à offrir, il est et tout en lui est beauté et perfection.
MR/Chroniques qui a été débuté en 2007 et qui vient de se terminer en ce matin de janvier 2015