Journée d’été, je suis avec ma nièce que j’aime et qui est à apprendre à vivre avec la sensibilité et la lucidité de la guérisseuse qu’elle est, même si elle n’en a pas toujours conscience. C’est une jeune femme, une chercheuse d’une grande intériorité préoccupée par l’environnement, la santé, la beauté, la vie dans tous ses états. Elle a l’âme d’une herboriste, chaque fois qu’elle vient à la maison, nous parcourons le jardin, faisons du pesto, humons la mélisse, cueillons l’origan et échangeons nos secrets…
Nous sommes en juillet, la journée est grise et tranquille, nous sommes ensemble et décidons de faire enfin ce pèlerinage dont nous parlons depuis si longtemps, nous partons sur un coup de cœur vers les jardins de Danielle, vers l’Armoire aux herbes. Je suis si heureuse de l’amener vers ce lieu de beauté et de poésie vibrante. Je me sens comme une passeure. Je sais combien ce jardin peut inspirer l’âme d’une apprentie herboriste, il a eu cet effet sur la mienne.
Nous arrivons, le voyage a été magnifique, les nuages ont le cœur gros, la pluie se met à tomber, doucement. Elle ne nous décourage pas, nous sommes équipées et vaillantes, le jardin nous appelle. Tout est si doux, si paisible, nous sommes seules au jardin et ne rencontrons personne, enfin nulle âme qui vive. Une bulle se forme autour de nous, une bulle de beauté permettant à l’esprit agité de se détendre et à la poésie qui est en toute chose de se manifester. Nous marchons au gré de nos découvertes suivant parfois une odeur, parfois une couleur, une fleur qui nous appelle et nous fait signe. Nous nous mettons à genou, humblement, comme en prière pour nous approcher, près, tout près. La beauté attire comme un aimant. Elle régénère, apaise, guérit, ouvre…
Puis, sans nous en rendre compte, près du gatelier, duquel nous nous sommes approchées pour faire sa rencontre en toute intimité, nous nous sommes assises, puis allongées sur l’herbe, côte à côte. La tête dans les nuages, le cœur dans les fleurs, le temps a passé, s’est étiré.
Nous étions dans le royaume des fées, nous nous sommes laissées prendre par la grâce et la magie des esprits de la nature et sommes entrées dans un autre espace. Des secrets de femme ont coulés de source. Le cœur grand ouvert, des mots, porteurs de sens et du mystère de vivre se sont partagés dans un murmure. La magie du jardin a fait son effet, distillé son essence.
Nous sommes revenues, entre deux mondes, conscientes d’avoir partagé un moment d’éternité, un moment sacré. Pleine de gratitude et d’amour pour ce moment passé ensemble, bénissant les artisans et artisanes de ce jardin empreint de beauté, de douceur et de grâce. Merci à la déesse, à la terre-mère, aux fées, lutins, hommes et femmes, fleurs et abeilles, créateurs de jardins et de moment d’éternité.
MR/2008