Une brève rencontre,
une soirée de conte.
Je raconte et le conte s’envole,
prend vie, prend son envol, vit sa vie,
se déploie, plus grand que moi,
rejoignant quelque chose en toi.
Quelle poète, quelle verve,
quelle puissance d’évocation, me dis-tu.
Quel beau piège!
Un piège bien tentant dans lequel tu voudrais te prendre,
un filet de mailles tendres.
Un miroir dans lequel tu te mires, te vois,
te méprend, croyant me voir moi…
Tu m’as vu, tu as reconnu, tu as aimé.
Qui, quoi? Je ne sais pas.
Aucune importance,
rencontre dans la présence.
Moment précieux, fragile, fugace, indélébile.
Je ne l’ai ni voulu, ni souhaité, ni appelé.
J’y ai consenti, je l’ai laissé se déployer.
Je ne cherche pas à le reproduire,
ce serait le travestir.
Nul besoin de se toucher,
rencontre de cœur puisé dans l’éphémère, le momentané, le passager.
Juste faire confiance que dans la présence, sans artifice,
dans la part de sacré que l’on cache, par pudeur ou par peur,
se trouve la beauté.
Un trésor retrouvé, trop rarement partagé,
notre humanité.
Or, voilà, je n’ai rien voulu de plus, si ce n’est être là,
totalement là, entièrement là, sincèrement moi.
Libre, sans armure, sans fard, authentique.
Le coeur ouvert, vraie, présente,
déposée, au centre de moi, assise au creux de moi.
J’ai partagé un vertige.
Celui qui est lorsque nous dansons
sans filet, sur nos vides si plein.
Lorsque nous laissons être ce qui est
sans autre attente que la présence totale à ce qui est.
MR/2010