« L’amour ne s’impose pas, il s’offre, mais encore faut-il que je fasse ce geste personnel d’accepter» Auguste Valensin.
Je pourrais réécrire cette phrase comme suit: Les plantes ne s’imposent pas, elles s’offrent, mais encore faut-il que je fasse ce geste personnel d’accepter. Cette phrase me rejoint, tant elle s’applique à la relation que j’ai développée avec les plantes dans un mouvement de perpétuel échange. Aimer, offrir ce que je suis comme jardinière, cueilleuse, recueilleuse, et accueillir, recevoir ce qu’elles sont. Une relation silencieuse et précieuse, développée dans la présence à elles et à moi.
Je suis une femme de relation, j’ai passé une grande partie de ma vie à chercher comment nourrir mes relations dans la dignité, l’intégrité et le respect de soi, des autres et de la relation elle-même. Je l’ai fait avec les êtres humains, les plantes, les animaux, le visible, l’invisible et aujourd’hui, je récolte ce que j’ai semé. Je me sens reliée et connectée. Ce que l’on aime se révèle à nous, avais-je lu dans un texte de Danielle Laberge. Comme c’est vrai et comme c’est bon de recevoir ce qui est offert!
J’ai énormément de gratitude d’avoir un jour, consciemment, accepté les nombreux cadeaux des plantes, parce que depuis je ne cesse de les voir, les percevoir et les recevoir. Au fond, les plantes tout comme l’amour, que je les accueille ou non, continuent d’être et d’offrir leurs beautés, leurs cadeaux, leurs unicités, leurs nourritures, leurs vibrations ainsi que leurs immenses pouvoirs de guérison et de régénération.
Lorsque j’étais petite, comme plusieurs de mes frères et sœurs, j’avais une faiblesse au niveau du système respiratoire (c’était l’époque où les parents fumaient avec la plus grande insouciance dans l’auto, la maison, etc), cette faiblesse, au fil du temps, s’est transformé en allergies, bronchites, pneumonies, etc. Je me rappelle adolescente au prise avec ma première crise de rhume des foins, mon été en partie gâché par ce nez constamment rouge et bouché, tout mon système respiratoire congestionné, des yeux gonflés et larmoyants et une fatigue généralisée en raison de tous ces symptômes. À partir de l’été de mes 13 ans, je me suis sentie enrhumée presque 2 à 3 mois par année. Je me sentais si impuissante et désespérée à l’idée que tous mes étés et par conséquent les vacances seraient désormais synonymes de cet état.
Puis j’ai reçu un immense cadeau, par le biais d’un livre trouvé dans le métro, j’ai fait la rencontre de l’herboristerie, des plantes et j’ai tout de suite perçu qu’elles pourraient m’aider à retrouver la santé. Oh quelle joie, que de ressentir que je n’étais pas condamnée et que je pouvais y faire quelque chose. Ce fut le premier grand cadeau de l’herboristerie, sortir de mon état de victime pour reprendre du pouvoir sur ma santé et par conséquent sur ma vie. Je me suis donc mise à goûter et expérimenté le thym, l’ail, la sauge, au grand désespoir de mon père qui trouvait que toutes les soupes et les sauces goûtaient le thym et autres fines herbes. Il semble que j’y allais fort sur la dose, la fougue et l’enthousiasme de l’adolescente que j’étais y étaient sans doute pour quelque chose.
Toujours est-il que j’ai persévéré dans cette voie, pour mon plus grand bonheur et ma santé.
Ainsi, depuis plus de 40 ans, je côtoie, aime, soigne et accueille les plantes. Je me suis reminéralisée à grand coup d’ortie, de camomille et d’avoine fleurie, détoxifiée avec mon ami du printemps le pissenlit et la grande bardane, toujours à portée de main pour qui sait creuser pour la trouver. J’ai travaillé l’immunité, et le temps m’a donné raison pour ce qui est de l’ail et du thym, qui sont toujours demeurés de grands alliés, auxquels se sont ajoutés l’astragale, de même que l’abondant et joli sureau. Qui plus est, j’ai toujours près de moi des huiles essentielles d’eucalyptus radiata, de sapin baumier et de romarin (une histoire d’amour) qui avant de m’ouvrir les bronches, m’embaument et ravissent mon nez. Bref, à 30 ans, j’en avais fini avec les allergies et depuis bon nombre d’années, c’en est terminé des rhumes qui se transforment en bronchites ou en pneumonies.
Cette relation, intime et constante avec les plantes, m’a bien plus que soignée, elle m’a infusée de ce qu’elles sont. Aujourd’hui, ce sont bien plus que des plantes, ce sont des amies que je retrouve avec joie au jardin, dans mon assiette ou dans ma théière chaque matin. Nous sommes en relation privilégiée, elles font partie de ma vie et je ressens souvent de la tristesse pour tous ceux qui ne les fréquentent pas, car je sais ce qu’ils manquent.
Elle m’inspire et je les inspire (dans le sens de respirer) pour mon plus grand bien et celui de mon système respiratoire. Avec elles, je respire mieux la vie!
MR/2014